Augmentation régulière du taux de THC dans le cannabis depuis 50 ans.
Les résultats d'une méta-analyse parue dans Addiction viennent fournir des données chiffrées et précises à cette impression générale des consommateurs et des professionnels des addictions.
On le sait bien désormais, le risque psychotique lié au cannabis est proportionnel au taux de delta-9-tetrahydrocannabinol (THC) présent dans le produit, et inversement au taux de cannabidiol (CBD). Dans le milieu des consommateurs, comme dans celui des professionnels du champ des addictions, on sait que le taux de THC présent dans les produits consommés par les usagers a littéralement explosé depuis 30 ans.
Mais, comme souvent, on manquait de données de très haut niveau qui fasse autorité sur cette impression globale. C’est chose faite avec cette méta-analyse publiée dans Addiction. Les auteurs britanniques ont recherché toutes les études ayant mesuré les taux de THC et CBD dans les produits analysés depuis les années 1970. Ils ont également réalisé des méta-régression pour calculer le taux annuel d’augmentation des concentrations de chacun des deux composants.
Au total, les auteurs ont retrouvé douze études ayant mesuré l’évolution des concentrations de THC et CBD au cours du temps. Pour l’herbe, les concentrations de THC ont augmenté en moyenne de 0,29% par an (IC95% : 0,11 – 0,47), indice calculé sur la base plus de 60 000 échantillons de cannabis issus de huit études entre 1970 et 2017. Pour la résine (haschisch), c’est une augmentation de 0,57% par an (IC95% : 0,10 – 1,03) qui a été retrouvé, sur la base de 17 371 échantillons issus de huit études publiées entre 1975 et 2017. A l’inverse, les auteurs ne retrouvaient pas d’augmentation significative des taux de CBD, ni dans l’herbe (-0,01% ; IC95% : -0,02 – +0,01), ni dans la résine (0,03% ; IC95% : -0,11 – 0,18). Le risque de biais a été évalué comme faible, toutes les études ayant de bons critères de qualité, en dehors du caractère non-randomisé des études.
En conclusion, les concentrations de THC se sont constamment accrues depuis les années 1970, tandis que les taux de CBD sont restés stables. Cette augmentation a été plus marquée dans le haschisch que dans l’herbe, avec des taux d’augmentation annuels de l’ordre du double. Les auteurs expliquent notamment leurs constatations par l’arrivée de types modifiés de cannabis à haute teneur en THC, comme le sinsemilla. Bien sûr, la question qui se pose immédiatement est : quel impact sur la santé mentale générale cette augmentation globale a-t-elle bien pu avoir depuis les années 1970. C’est une autre question de recherche, bien plus difficile à explorer, mais cruciale à l’heure où les débats sur la légalisation comportent en filigrane la question du contrôle légal des concentrations de THC et CBD.
Lien vers la méta-analyse: https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/add.15253
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