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Tribune dans Le Monde "Réduction des Risques et Tabagisme"




Tabagisme : « Il faut avancer sur la voie de la réduction des risques »

Alors que les politiques publiques semblent perdre en efficacité avec le temps, des spécialistes des addictions appellent, dans une tribune au « Monde », à tenter une nouvelle stratégie d’accompagnement des fumeurs.


Article réservé aux abonnés Article complet sur demande: jennifer.furet@ch-le-vinatier.fr


Les conduites addictives nous concernent tous. Elles ont un impact significatif sur la santé publique et engendrent la dégradation de la qualité de vie ainsi que de graves handicaps familiaux, sociaux et professionnels. L’alcool est responsable de 49 000 décès par an en France, et la cigarette est à l’origine de 75 000 morts. C’est pour cela que se tient, depuis le 1er novembre, la 8e édition du Mois sans tabac. Cet accompagnement est primordial, car arrêter de fumer pendant un mois multiplie par cinq les chances de sortir de la cigarette.


Pourtant, si Santé publique France rappelle que 1,2 million de personnes ont participé à l’opération depuis sa création, force est de constater que le nombre de fumeurs ne baisse plus. La France en compte toujours 15 millions. Multiplier le prix du paquet par trois en vingt ans n’a fait baisser que de quatre points la prévalence tabagique ; bien loin de l’objectif de réduction du nombre de fumeurs. Comment y voir autre chose qu’un échec ?

L’heure n’est plus à sanctionner les fumeurs, mais à les comprendre et à les accompagner. Il faut regarder cette réalité en face pour en finir avec la tyrannie de l’idéal et proposer ce qui fonctionne déjà à l’étranger. L’African Global Health réunissait d’ailleurs, en octobre, la 2e Conférence africaine sur la réduction des risques en santé, dont les participants, venus de plus de 80 pays, ont abordé notamment la gestion de l’addiction.



Appliquer une politique de réduction des risques, c’est également la conclusion d’un rapport de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) publié récemment. Députés et sénateurs reconnaissent qu’un fumeur n’a pas toujours la capacité de sortir de son addiction à la nicotine, et qu’une troisième voie, complémentaire à la prévention et au sevrage, a sa place. Ils constatent que cette stratégie, au plus proche des attentes des personnes addicts, a déjà fait ses preuves pour la gestion d’autres addictions (notamment l’héroïnomanie), et à l’étranger, comme au Royaume-Uni et en Suède, pour le tabagisme.

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